Le Piper de Longueval et celui d’Albert

8 décembre 2016

Le mémorial des pipers de Longueval, dans la Somme est un hommage rendu à ces soldats en kilt qui, fiers de leurs traditions écossaises, ont guidé leurs bataillons au son de leur musique, parfois jusqu’à leur dernier souffle !
En considérant la longue histoire qui unit les instruments de musique et la guerre, il n’est guère surprenant de découvrir la cornemuse dans les mélées des batailles anciennes.


Néanmoins, cette méme présence au coeur des combats des deux guerres mondiales la rend anachronique et fait du piper écossais un singulier soldat conservant la même arme du XIVe au XXe siècle !
Les piper sont évidemment d’éminents représentants de l’Ecosse et du Rugby.


Par Jacques ANDRE

A la mémoire des joueurs de cornemuse
Au centre du village de Longueval, dans la Somme, au carrefour des routes départementales D20 et D197, se dresse un monument intitulé le Piper’s Memorial. Œuvre du sculpteur britannique Andy De Comyn, il fut inauguré le 20 juillet 2002 en l’honneur des musiciens des troupes du Commonwealth tombés au cours de la Grande Guerre.


Piper’s Memorial de Longueval
La statue représente un joueur de cornemuse en tenue de combat sortant d’une tranchée et encourageant les soldats sur le parapet au son de son instrument. Au pied du monument se trouve une plaque où un poème du lieutenant Ewart Alan Mackintosh, incorporé au 5ème bataillon du régiment Seaforth Highlanders, a été gravé :

“The pipers in the street
were marching bravely.
The marching lads went by,
with merry hearts
and voices singing.
My friends marched out
to die
but I was hearing
a lonely pibroch
out of an older war.

"Farewell,
farewell,
farewell, MacCrimmon,
MacCrimmon comes no mores”

Autour du memorial, on retrouve des plaques portant les noms des régiments qui ont perdu au cours de la Grande Guerre un joueur de cornemuse.

Le jour de l’inauguration, coordonnée par le « Somme Battlefield Pipe Band », le monument fut dévoilé par le lieutenant-général Sir Peter Graham et le major-général Corran Purdon en présence d’une centaine de joueurs de cornemuse et devant une immense foule. Soutenue par une souscription mondiale, elle reçue l’aide des autorités locales, départementales et régionales.

L’engagement des “pipers” au sein des troupes armées

Lors de la Première Guerre mondiale, de nombreux joueurs de cornemuse figurent dans les rangs des troupes du Commonwealth. Ils sont chargés de lancer l’attaque en jouant de leur instrument. Cette pratique patriotique permet également d’encourager les soldats. Certains pipers, même blessés, continuaient à souffler dans leur cornemuse malgré les tempêtes d’obus.

Cornemuseux écossais à Longueval

Les pipers, au cours de la Grande Guerre, servaient souvent en première ligne en qualité de brancardiers, d’estafettes et de ravitailleurs. Plus d’un millier d’entre eux ne revinrent jamais des tranchées.

L’exemple du piper James Richardson du 16ème bataillon canadien qui, lors de la bataille de la ferme de Mouquet (Somme) en octobre 1916, joua de son instrument, montre la bravoure de ces musiciens patriotiques. Après avoir apporté son aide à un blessé, il fut mortellement atteint alors qu’il tentait de ramasser ses tuyaux.

Le choix de Longueval pour l’érection n’est pas anodin car ce village en juillet 1916 fut le théâtre de violents affrontements. La 9ème division écossaise et ses pipers payèrent un lourd tribu lors de ces affrontements pour la reprise du lieu. Egalement proche de Ginchy, où les Irlandais de la 16ème division attaquèrent les positions ennemies pipers en têtes en septembre 1916.

Par Jean-Bernard LAHAUSSE et Romain SERTELET

Le Piper d’Albert dans la Somme.
A Albert, en face et près de l’Eglise, il y a également un Piper Ecossais nommé DUNCAN et surnommé "Dame de l’Enfer.