Le terme de « Vieille Alliance », Auld Alliance...

7 décembre 2016

Le terme de « Vieille Alliance », Auld Alliance en scots, désigne une alliance entre les royaumes de France, d’Écosse et de Norvège contre l’Angleterre. La Norvège n’y fit jamais référence, mais si cette alliance prit fin officiellement en 1560 avec le traité d’Édimbourg, elle constitue la base des relations franco-écossaises de 1295 à 1903.

Légende


L’historien écossais du XIVe siècle Jean de Fordun considère que le mythique roi « Achaius » qui commence selon lui à régner en 787 est le premier à faire alliance avec les Francs et qu’il échange une ambassade avec Charlemagne pour confirmer cette alliance.

Histoire de l’alliance

L’Auld Alliance est une alliance entre le royaume de France, le royaume de Norvège et le royaume d’Écosse, aux dépens du royaume d’Angleterre. Elle remonte à 1165, lorsque Guillaume le Lion adresse une ambassade à Louis VII de France - bien que la première trace écrite de cette alliance soit le traité signé à Paris le 23 octobre 1295 entre les représentants de Jean Baliol et Philippe le Bel. Le 23 février 1296, le parlement écossais ratifie le traité d’alliance signé avec la France. Ce traité prévoit que si l’un des États subissait une attaque de l’Angleterre, l’autre État envahirait l’Angleterre, comme le montre l’exemple de la bataille de Flodden Field en 1513.

En avril, 1326, Robert Bruce renouvelle l’Alliance par le traité de Corbeil3 Aux XIVe et XVe siècles. Le traité est invoqué à six reprises, notamment en 1517 au traité de Rouen signé entre Charles IV d’Alençon au nom de François Ier et le régent d’Écosse Jean Stuart4. Le 6 juillet 1560, le traité d’Édimbourg révoque officiellement l’alliance, après 250 ans. L’Écosse devenue protestante s’allie désormais avec l’Angleterre, également protestante. Cependant, certains points du traité restent en vigueur. Entre autres, les Écossais résidant en France et les Français résidant en Écosse disposent sans recours de la double nationalité jusqu’à la révocation de cette clause par le gouvernement français en 1903.
Autres conséquences de l’alliance

Bien qu’elle soit avant tout militaire et diplomatique, l’alliance garantit la double citoyenneté entre les deux États. Le traité affecte la vie des Écossais dans différents domaines, l’architecture, la loi, la langue et la cuisine du fait des nombreux mercenaires écossais qui entrent au service de la France. Ainsi, la garde personnelle du roi de France est longtemps uniquement une garde écossaise. Les Écossais prennent goût aux meilleurs vins français. À cette époque, le bordeaux est, devant le whisky, la « boisson nationale » de l’Écosse5. En 1620, le port écossais de Leith importe ainsi un million de litres de clairet, soit un litre par habitant.

Mise en application du traité.

En 1336, au début de la guerre de Cent Ans, le roi de France Philippe de Valois fournit une aide militaire au roi d’Écosse David II en exil en France après avoir été déposé par Édouard III d’Angleterre.

En 1346, l’Écosse envahit l’Angleterre pour défendre les intérêts de la France. L’armée écossaise fut cependant vaincue et David II fait prisonnier à la bataille de Neville’s Cross.

En 1385, une flotte française de 180 navires arrive en Écosse sous les ordres de Jean de Vienne. Elle débarque des troupes près d’Édimbourg pour attaquer l’Angleterre. Mais la coordination avec les Écossais n’est pas facile, troupes et navires végètent. L’expédition est finalement un échec et les Français doivent rentrer sans avoir rien pu faire d’important.

En 1421, lors de la bataille de Baugé, les forces franco-écossaises causent une sévère défaite aux Anglais et les Français récompensent gracieusement les Écossais. Cette victoire est de courte durée car à la bataille de Verneuil (1424) les troupes écossaises sont anéanties. Malgré cette défaite, l’action des Écossais est un soutien suffisamment efficace qui donne un répit à la France, la préservant ainsi d’une occupation complète par l’Angleterre.

En 1429, des Écossais assistent Jeanne d’Arc pour lever le siège d’Orléans. Un corps d’Écossais est établi pour défendre la personne du roi de France9. De nombreux seigneurs Écossais s’installent en France, certains continuent de se considérer comme Écossais et d’autres s’intègrent comme les Stuart de Darnley, devenus seigneurs d’Aubigny (petite ville du Nord du Berry) qui reste « écossaise » jusqu’au XVIIIe siècle.

Encore au cours de la guerre de Cent Ans, Thomas de Huston, un chevalier écossais originaire de la région de Girvan, vient combattre les Anglais en France dans le cadre de l’Auld Alliance[réf. nécessaire]. Pour avoir été le premier avec Arthur de Richemont[réf. nécessaire] à entrer dans la ville de Meaux lors du siège contre les Anglais du 20 juillet au 10 août 1439, il reçoit en récompense par don du roi Charles VII la châtellenie de Gournay (Louis XI la lui échange le 12 ou 13 juin 1466 contre le domaine de Torcy, afin de donner Gournay au comte de Dammartin). Il y demeure jusqu’à sa mort en 1472.

Au XVe siècle, le poète Alain Chartier a écrit que « l’Auld Alliance n’a pas été écrite sur un parchemin de peau de brebis mais gravée sur la peau d’homme, tracée non par l’encre mais par le sang ».

En 1513, la bataille de Flodden Field oppose l’Écosse à l’Angleterre.

En 1558, cette alliance historique est encore renforcée par le mariage du Dauphin François (futur François II) avec Marie Stuart. À cette occasion, le roi de France Henri II établit une lettre de grande naturalisation automatique entre Français et Écossais.

Concrètement, l’alliance prend fin en 1560, année de la mort de la régente Marie de Lorraine, membre de la famille des Guise, et de la défaite militaire et politique de la France, chassée par des Grands d’Écosse passés à la Réforme, les Lords of the Congregation, eux-mêmes soutenus par l’Angleterre. En 1562, l’Écosse envoie 200 soldats en Normandie pour aider les Huguenots dans leur lutte face au pouvoir royal catholique.

Au XVIIIe siècle, après l’Acte d’union (1707) des royaumes d’Angleterre et d’Écosse, certains Jacobites, partisans des Stuarts défaits à la bataille de Culloden (1746), trouvent refuge en France au nom de l’Auld Alliance, en particulier à Saint-Germain-en-Laye et à Sancerre.

En 1903, le gouvernement français ordonne la suspension du privilège de double-nationalité automatiquement accordée aux Écossais réfugiés en France.
Plaque commémorative à Edimbourg reproduisant les mots de De Gaulle : « La plus vieille alliance du monde ».

En 1942, le général de Gaulle qualifie l’alliance franco-écossaise de « plus vieille alliance au monde ». Il l’a d’ailleurs appliquée en autorisant des parachutistes français à être réunis à une unité britannique (les SAS), car dirigée par un Écossais (David Stirling).

En 1995, des célébrations ont lieu dans les deux pays pour le 700e anniversaire de l’alliance. Clin d’oeil , 1995 c’est aussi l’année où Gavin Hasting a décidé de terminer sa carrière de rugbyman, c’est aussi l’année où le rugby devient professionnel en France.

En 2011, l’historienne britannique Dr Siobhan Talbott publie le résultat de ses recherches minutieuses sur l’Auld Alliance et en conclut que l’alliance n’avait jamais été rompue.

De nos jours, l’Auld Alliance est surtout évoquée lors d’événements folkloriques ou sportifs (Tournoi des Six Nations en particulier). Aujourd’hui, plus connue des Écossais que des Français, elle demeure pour les premiers l’une des marques de leur identité nationale les différenciant profondément des Anglais. En France, elle est particulièrement commémorée à Saint-Germain-en-Laye, et à Aubigny-sur-Nère où se situe un musée consacré à l’Alliance et se déroulent chaque année des Fêtes franco-écossaises. En 2014, à l’occasion du référendum sur l’indépendance de l’Écosse vis-à-vis du Royaume-Uni, un journaliste de la BBC estime que l’alliance ne signifie pas une adhésion entière des Français au projet d’indépendance des Écossais.