Daours un international de rugby Ecossais inhumé au Communal Cemetery extension

7 mai 2018

Daours un international de rugby Ecossais inhumé au Communal Cemetery extension en 1918


L’extension du cimetière communal de Daours (communal cemetery extension) a été édifiée en juin 1916, au sud du cimetière communal, lorsqu’un hôpital de campagne (Casualty Clearing Station) s’est installé dans le village en prévision de la prochaine bataille de la Somme qui débuta le 1er juillet. Ce cimetière compte aujourd’hui mille deux cent trente-et-une tombes, plus que le nombre actuel d’habitants de Daours, c’est dire les ravages causés par la Grande Guerre.
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Située à la sortie de Daours, au bord de la D115, direction Pont-Noyelles, cette nécropole contient 1231 corps de soldats du Commonwealth dont 757 Britanniques et 3 travailleurs chinois (Chinese Labour Corps) inhumés en 1918.

De juin à novembre 1916, c’est ici qu’ont été inhumés les blessés provenant du champ de bataille et venus mourir pour la plupart à Daours. Ensuite, le front se déplaçant plus vers l’est, les services médicaux ont quitté le village pour ensuite y revenir d’avril à août 1918, suite à l’offensive allemande en Picardie.

C’est à Daours si proche d’Amiens et si proche de la ligne de front que le Major Roland Elphinstone Gordon de la Royal Artillery, célèbre 3/4 centre de l’équipe d’Ecosse de rugby à XV a perdu la vie le 30 août 1918, alors qu’il n’était âgé que de 25 ans.


Il a joué pour la Royal Artillery RFC et a été sélectionné la première fois en équipe nationale en 1913 contre la France s’il vous plaît. C’est au cours de ce match gagné par l’Ecosse par 21-3 que Gordon s’illustra le plus en marquant 2 des 5 essais infligés à la France. D’ailleurs Gordon fut sélectionné 3 fois et joua ses 3 sélections avec le fameux trio Turner, Sutherland et Milroy (commémoré en 2017 dans la Somme et à Amiens et en Ecosse en février 2018, dont le nom est gravé avec celui de Burgun sur le nouveau trophée de Rugby "Auld Alliance" qui récompense le vainqueur des matchs France-Ecosse durant le 6 nations). Gordon a également joué avec Lewis Roberston mort durant la bataille d’Ypres et Dickson décédé durant la bataille de Loos en Gohelle.
Très bon défenseur et redoutable plaqueur du quinze du chardon, c’est en 1911 qu’il obtint ses examens d’entrée à l’Académie Militaire Royale de Woolwich où il en devient après peu de temps le capitaine de l’équipe de rugby. C’est en 1911 aussi que la France avec Marcel Burgun gagna son premier match dans le tournoi des 5 nations contre une nation britannique à savoir l’Ecosse par 16-15. En 1912, Gordon fut sélectionné dans l’équipe militaire britannique et le 22 janvier 1913, il fut appelé comme un 2ème Lieutenant dans l’Artillerie Royale. Il a joué au rugby pour Blackheath et pour l’Écosse 3 fois contre la France, le Pays de Galles et l’Irlande

Le 5 mars 1913, il est parti combattre en Inde où il était attaché à la 82ème Batterie de l’Artillerie Royale située à Kirki. En 1915, suite à une grave blessure en Mésopotamie il revient en Grande-Bretagne. Pendant sa convalescence, il écrit une lettre qui a été diffusée dans le Journal « Cantuarian ». Il disait : "Je suis informé que vous vu dans le journal que j’avais été blessé mais aussi très chanceux d’avoir survécu. J’étais officier promu dans l’infanterie et j’ai pris une balle dans la poitrine. Elle est entrée par le côté gauche et s’est acheminé pour se loger sous les muscles de l’épaule droite en ayant fait des dégâts aux poumons. D’autres organes vitaux ont été touchés mais de façon moins importante. Je fus alité durant plus de trois semaines et je suis devenu terriblement malade. Je me suis dit en moi-même que cet hôpital ne sera pas ma dernière destination et j’espère être renvoyé au front pour combattre en Inde dans un mois.

Nous avons remporté une bataille à Es Sinn en ayant décimé 3 000 soldats ennemis avec des pertes de notre côté de 1200 valeureux soldats. Nous leurs avons pris un grand nombre d’armes à feu et une grande quantité de munitions.

Le miraculeux et courageux Gordon est finalement retourné au front, on lui a attribué la Croix Militaire en juin 1917.

Il a été blessé une deuxième fois en novembre 1917 et une troisième fois en août 1918 durant la bataille de la Somme. On lui a attribué un honorariat de plus à sa Croix Militaire et il figure parmi les soldats mentionnés dans la liste d’honneur décernée lors de l’anniversaire du Roi de juin 1918.
Après sa blessure de mai 1918, il reçu par la poste une proposition d’affectation en Angleterre, mais il la refusa, préférant retourner au front. Un de ses amis a écrit de lui, "Gordon était un très grand 3/4 centre, aussi bon en attaque qu’en défense, très habile de ses mains et doté d’un un grand coup de pied. Mort à 25 ans si jeune, quelle perte pour le XV Ecossais. En plus de tout c’était le meilleur camarade dont on pouvait rêver, toujours souriant." Il est allé en Mésopotamie en novembre 1914, a été sévèrement blessé pendant l’Été 1915 et invalide soigné à la maison à Devon. Il a été blessé de nouveau en 1917.
Il fut distingué par la Croix Militaire en 1918, puis sévèrement blessé en France en août 1918 durant la bataille de la Somme tandis qu’il commandait une Batterie d’Artillerie. Ce formidable héros mourut de ses blessures le 30 août 1918, et fut enterré au cimetière communal de Daours.


Gordon était un gaillard de 1,82 m (ce qui est une grande taille pour l’époque) bien charpenté et qui courrait vite. Comme les joueurs de grande classe, il attaquait toujours la ligne et progressait toujours. Il était intelligent, alternait le dribling (jeu au pied) et le jeu à la main en feintant souvent. Tant de joueurs qui feintent oublient souvent de courir vite, Gordon lui gagnait régulièrement ses un contre un et faisait toujours avancer son équipe dans la conquête du terrain. Il était un joueur hors norme, rugueux qui aurait été mondialement connu s’il n’avait pas péri durant la 1ère guerre mondiale. Ce joueur de grande classe avait la faculté de prodiguer toujours une grande qualité de jeu quels que soient ses partenaires, et l’opposition en face, cela faisait de lui quelqu’un sur qui l’on peut compter et envié par les équipes adverses tant pour son physique que pour sa capacité à jouer au rugby.
C’est une grande perte pour le XV du chardon.