Delville Wood (ou bois de Delville) près de...

7 décembre 2016


Delville Wood (ou bois de Delville) près de Longueval dans la Somme, c’est l’endroit où Eric Milroy (de la 8ème Black Watch) le 18 juillet 1916 perdit la vie.

La bataille du bois Delville a lieu du 14 juillet au 3 septembre 1916, c’est une des batailles de l’offensive alliée sur la Somme pendant la Première Guerre mondiale. Elle oppose la IIe armée de l’Empire allemand aux forces de l’empire britanniques. Le bois Delville est situé au nord-est de la ville de Longueval dans le département de la Somme. Après les deux premières semaines sanglantes de l’offensive alliée sur la Somme, la percée des lignes allemandes parait illusoire. L’offensive évolue vers une série d’opérations visant la capture de petites villes ou villages, de bois apportant des avantages tactiques à partir desquels il est possible de diriger des tirs d’artillerie ou de lancer de nouvelles attaques.

Le bois Delville remplit ces nouvelles caractéristiques, il devient un enjeu au niveau tactique pour les forces allemandes et alliées. Dans le cadre de la poursuite de l’offensive à partir du 14 juillet, le général Douglas Haig, commandant de la Force expéditionnaire britannique veut sécuriser le flanc droit britannique et poursuivre la progression au centre de la ligne d’attaque pour capturer les régions les plus élevées de « High Wood ». La bataille du bois Delville fait partie des opérations destinées à sécuriser le flanc droit. La bataille dure plusieurs semaines, elle est considérée comme une victoire tactique des Alliés. Elle est également l’une des plus sanglantes de la bataille de la Somme avec de lourdes pertes dans les deux camps. Cette victoire tactique doit être mise en perspective avec les pertes subies et les faibles gains territoriaux obtenus par la suite.
La bataille est d’une importance particulière pour l’Afrique du Sud. C’est le premier engagement majeur de la 1re brigade d’infanterie d’Afrique du Sud sur le front occidental. Les pertes subies par cette brigade sont terribles, comparables aux pertes subies par les troupes britanniques le premier jour de la Somme. Sur le front occidental, les unités sont considérées comme inaptes au combat lorsque le taux de pertes atteint 30% et sont alors relevées. La 1re brigade sud-africaine a subi 80% de pertes, mais elle a réussi à tenir le bois selon les ordres donnés.
Le bois Delville est devenu un lieu de recueillement. Le bois est conservé avec les tranchées originelles, un musée et le mémorial national sud-africain du bois Delville ont également été construits.

Contexte historique :
La bataille de la Somme débute le 1er juillet 1916 par un carnage pour les troupes britanniques. Très vite, l’idée d’une percée en profondeur des lignes allemandes est abandonnée. Les Alliés décident alors de substituer une attaque de masse par une succession d’actions locales précédées par une forte préparation d’artillerie et par l’utilisation de troupes fraiches. Ces différentes actions ont pour but d’effriter les défenses allemandes. Les forces britanniques et des Dominions ont pour zone d’action la partie nord du front d’attaque de Gommecourt à Maricourt et les forces françaises la partie sud du front d’attaque de la Somme au village de Fay.
Après deux semaines de combats, les défenseurs allemands résistent toujours au nord et au centre du secteur d’attaque britannique, dans ces deux secteurs l’attaque est enlisée et stoppée sauf pour le contrôle d’Ovillers-la-Boisselle et Contalmaison. Au sud de l’Ancre les gains territoriaux sont plus importants. Dans le secteur du 13e corps d’armée du lieutenant-général Sir Congreve, la première ligne de défense allemande est prise au niveau de Montauban et du bois Bernafay. La conquête du bois des Troncs (Trônes) est particulièrement difficile pour les troupes britanniques, le bois est repris par les Allemands. Le 13 juillet, sous un bombardement d’artillerie continu, les troupes allemandes occupent toujours le bois du Trône, la ville de Longueval à l’ouest du bois Delville.

La ligne de front allié est divisée en deux sections formant un angle droit, au niveau de Longueval et du bois Delville. Sur la gauche, le front britannique est orienté au nord, à droite le front allié est face à l’est. La poursuite de la bataille dans ces conditions entraîne une divergence des troupes attaquantes. Pour réaligner la ligne de front, le général Sir Douglas Haig décide d’exploiter les progrès territoriaux au sud pour prendre et tenir Longueval. Cette ville en hauteur est un observatoire naturel pour l’artillerie et permet du protéger le flanc droit des troupes britanniques et d’aligner la ligne de front avec le 13e corps de Congreve. Le général Douglas Haig promet au président Poincaré des gains territoriaux significatifs pour marquer la journée nationale française, avec des attaques planifiées tout au long du front de la Somme pour le 14 juillet.
Ordres et intentions britanniques
Pour exécuter les projets du général Haig, le général Rawlinson, commandant de la 4e armée, ordonne au lieutenant-général Congreve de capturer Longueval à la tête du 13e corps. Il place ensuite le 15e corps sous le commandement du lieutenant-général Henry Horne en couverture à la gauche du 13e corps de Congreve. Rawlinson recommande que la marche d’approche ait lieu de nuit, pour lancer l’attaque à l’aube après un court et violent bombardement d’artillerie. Ce plan doit maximiser l’effet de surprise, qui a fait cruellement défaut dans les premières actions de l’offensive. Haig est fortement opposé à ce plan car les divisions utilisées sont inexpérimentées pour des déplacements nocturnes. Le plan de Rawlinson est finalement adopté, mais l’échange entre les deux généraux a fait reculer d’un jour la date de l’attaque du bois de Trônes (en fait, bois des Troncs), initialement prévue la veille de l’attaque sur Longueval. Finalement les deux attaques sont réalisées le même jour.
Une étude tactique du terrain montre que pour capturer Longueval, Congreve doit d’abord prendre le bois de Trônes car il présente un danger sur le flanc droit. Cette prise simplifierait celle de Longueval. La ville ne peut pas être tenue si le bois Delville dans la partie nord-est de la ville n’est pas pris. Si le bois reste aux mains des Allemands, ils pourraient bombarder sans problème la ville et utiliseraient le bois comme couverture pour placer des renforts pour une contre-attaque sur Longueval.

Congreve affecte à la 9e division écossaise la ville de Longueval et à la 18e Easten division du major-général Ivor Maxse à droite, pour capturer le bois de Trônes. L’attaque sur la ville de Longueval est complexe. Longueval est fortifiée par des tranchées, des tunnels et des bunkers en béton sous la responsabilité d’éléments de la IIIe division de la garde, sous les ordres du Generalmajor von Lindquest, du IVe corps d’armée de Magdeburg. Les deux divisions britanniques progressent dans un saillant couvert au nord-ouest par le LXXIIe régiment (Thüringisches Infanterie–Regiment) au nord du IVe corps d’armée, les XXVIe (Fürst Leopold von Anhalt-Dessau (1. Magdeburgisches)), CLIIIe (Thüringisches Infanterie–Regiment) et CVIIe régiments d’infanterie. Les divisions britanniques partent de Bernafay et doivent progresser sur un terrain en pente ascendante qui se rétrécit vers Longueval. La ligne défensive allemande ne laisse qu’une approche possible pour les troupes britanniques pour l’attaque sur Longueval. Il est à noter que le général Sixt von Arnim, le commandant du IVe corps allemand, prépare ses troupes en vue d’une attaque aux alentours des 13 et 14 juillet.
Le major-général WT Furse, le commandant de la 9e division écossaise, ordonne à la 26e brigade de réaliser l’attaque sur Longueval. Le 8e Black Watch et le 10e Argyll & Sutherland Highlanders sont chargés de prendre la ville. La 9e Seaforth Highlanders est en seconde ligne en soutien et le 5e Cameron Highlanders est en réserve. La 27e brigade doit suivre, pour ratisser les derniers points de résistance allemands et fournir un soutien à la 26e brigade pour les combats dans la ville fortifiée. Une fois la ville prise, la 27e brigade doit passer la 26e brigade pour prendre le bois Delville. La 1re brigade sud-africaine est en réserve de la 27e brigade.

La Bataille : Progression vers Longueval
Le 14 juillet, l’attaque débute à 3h25 par un bombardement de 5 minutes et non d’une semaine pour l’effet de surprise, sur un front de 6 km (4 miles). L’attaque commence par la prise de la première ligne allemande, puis la prise de la seconde ligne par un coup de main. Cependant l’extension de la brèche est plus complexe du fait la mise en alerte des divisions allemandes. L’attaque en direction de Longueval rencontre un succès initial en débordant les premières lignes allemandes, mais très vite la défense allemande se durcit. Cette position est capitale pour le maintien des lignes allemandes, le chef du grand état-major allemand, le général Erich von Falkenhayn indique que « l’ennemi n’avancera pas, sauf sur des cadavres ! ».
En milieu de matinée, l’attaque devient une succession de combats maison par maison pour la prise de la ville. Le bombardement d’artillerie n’a pas été aussi efficace qu’attendu, les défenseurs allemands sont renforcés par les troupes de réserve. De plus, l’artillerie allemande et les mitrailleuses du bois Delville gênent considérablement la progression des Highlanders dans Longueval. Seules les parties sud et ouest de la ville sont aux mains des troupes britanniques dans l’après-midi. La 27e brigade initialement destinée à la prise du bois Delville est engagée aux côtés de la 26e brigade pour prendre Longueval. Le major-général Furse, commandant de la 9e division écossaise se rend compte que pour sécuriser définitivement Longueval, la prise du bois Delville est nécessaire et prioritaire. Il décide d’engager sa dernière réserve disponible, la 1re brigade sud-africaine. À 13 h, le général de brigade Henry Lukin reçoit l’ordre de Furse de déployer la 1re brigade sud-africaine et de capturer le bois Delville.

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Les combats de fin juillet et d’août
Les 52e et 76e brigades présentes dans le bois sont confrontées aux tirs des tireurs d’élite allemands et aux bombardements intenses jusqu’au 26 juillet. Le 27 juillet à 7h00, le 22e, 23e Royal Fusiliers (99e brigade, 2e division), le 1er Royal Berkshires et le 1er Kings Royal Rifle Corps attaquent le bois et occupent une grande partie du sud du bois. Au cours de cette action, le sergent Albert Gill du Kings Royal Rifle Corps est tué, il reçoit à titre posthume la Victoria Cross pour ses actions militaires. La 2e division tient le bois jusqu’au 4 août, elle est ensuite relevée par la 17e Northern division, puis par la 14e Light division et la 61e brigade de la 20e Light division le 11 août.
Le 27 août, les Allemands s’infiltrent à nouveau dans le bois par le côté nord-est. Le feu de l’artillerie allemande augmente encore en intensité, il ne reste plus qu’un seul arbre debout. La pluie transforme les trous d’obus en mare d’eau et de boue avec de nombreux cadavres alliés ou allemands en décomposition. Les combats reprennent avec force, les 72e et 73e brigades de la 24e division sont envoyées en renfort dans le bois. Les Allemands sont définitivement chassés du bois le 3 septembre 1916.