Le Bleuet

7 décembre 2016

Les Fleurs si belles, car elles rappellent la vie, le bonheur par opposition à la mort et aux nombre de morts catastrophique qu’a engendré le carnage de la bataille de la Somme sont omniprésentes ici. Pour ne citer que les principales, nous avons tout d’abord :


Le bleuet :

Les origines

Le choix du symbole

Dans le langage des fleurs, le bleuet symboliserait la délicatesse et la timidité et serait « le messager de tous les sentiments purs, naïfs ou délicats »1.

Les bleuets – comme les coquelicots – continuaient à pousser dans la terre retournée par les milliers d’obus qui labouraient quotidiennement les champs de bataille. Ces fleurs étaient le seul témoignage de la vie qui continuait et la seule note colorée dans la boue des tranchées.

Ce terme de « Bleuets » désignait les soldats de la Classe 15 – nés en 1895 – fraîchement arrivés sur le champ de bataille du Chemin des Dames, en raison de l’uniforme bleu horizon dont ils étaient vêtus. Ces jeunes recrues dont beaucoup n’ont jamais eu vingt ans, avaient été surnommées ainsi par les poilus plus anciens qui avaient porté le désastreux pantalon rouge garance encore en usage au tout début de la Première Guerre mondiale2.

Cette appellation perdura pendant toute la guerre parce que l’uniforme neuf aux couleurs encore fraîches qui équipait le nouvel arrivant contrastait avec les uniformes défraîchis et sales des vétérans.

La popularité des « Bleuets » est telle que son image est utilisée par la propagande au travers de cartes postales, affiches, chansons et poèmes :

« Les voici les p’tits « Bleuets »
Les Bleuets couleur des cieux
Ils vont jolis, gais et coquets,
Car ils n’ont pas froid aux yeux.
En avant partez joyeux ;
Partez, amis, au revoir !
Salut à vous, les petits « bleus »,
Petits « bleuets », vous notre espoir ! »

— Alphonse Bourgoin, extrait de Bleuets de France, 1916
Les premiers ateliers

L’origine de l’insigne remonte à 1916. Mme Suzanne Lenhardt, infirmière-major de l’hôpital militaire des Invalides, veuve d’un capitaine d’Infanterie coloniale tué en 1915, et Mme Charlotte Malleterre, fille du général Gustave Léon Niox et femme du général Gabriel Malleterre, toutes deux émues par les souffrances qu’endurent les blessés de guerre dont elles ont la charge, et devant la nécessité de leur redonner une place active au sein de la société, décident d’organiser des ateliers où ils confectionnent des bleuets dont les pétales sont en tissu et les étamines en papier journal.


Ces insignes sont vendus au public à diverses occasions et le produit de ces ventes pemet de donner à ces hommes un petit revenu4. Elle devient un symbole de la réinsertion par le travail.
Officialisation de l’insigne
Timbre de collecte du Bleuet de France.

Le 15 septembre 1920, Louis Fontenaille, président des Mutilés de France, présente dans un rapport à la Fédération Interalliée des Anciens Combattants à Bruxelles un projet destiné à rendre pérenne le Bleuet de France comme fleur symbolique des « Morts pour la France ».

En 1928, le président de la République Gaston Doumergue accorde son haut patronage au Bleuet de France, les ventes s’étendent alors progressivement à l’ensemble du pays : « la Nation veut témoigner de sa reconnaissance et venir en aide à ces hommes qui ont sacrifié leur jeunesse à défendre la France. » Le 11 novembre 1934, 128 000 fleurs seront vendues.

Dès 1935, l’État officialise la vente du Bleuet de France chaque 11 novembre partout en France.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1957, un second jour de collecte est créé le 8 mai, date anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie.
L’Œuvre Nationale du Bleuet de France
Logo Bleuet de France.jpg
Bleuet de France vers 1950.
Bleuet de France modèle 2012.

Depuis cette époque, chaque année au moment des commémorations patriotiques du 8 mai et du 11 novembre, le Bleuet de France est vendu sur la voie publique par des bénévoles de L’Œuvre Nationale du Bleuet de France.

L’Œuvre Nationale du Bleuet de France est une association reconnue d’utilité publique placée depuis 1991 sous l’autorité de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

Son objectif est toujours de recueillir des fonds afin de financer les œuvres sociales qui viennent en aide aux anciens combattants, veuves de guerre, pupilles de la Nation, soldats blessés en opération de maintien de la paix, victimes du terrorisme.

L’Œuvre soutient aussi les militaires actuellement engagés sur des théâtres d’opération : le Bleuet de France a ainsi pris part à l’initiative « Colis de Noël pour les soldats en OPEX » et participe également à des actions auprès des enfants des écoles, des collèges et des lycées visant à promouvoir la Mémoire en participant financièrement à des déplacements permettant la découverte de lieux mémoriels.

En 2011, près de 32 000 bénévoles ont réuni 1 102 449 € qui ont permis de venir en aide à 18 141 personnes et d’organiser plus de cinq cents initiatives de mémoire pour les jeunes génération partout en France5. Par comparaison, la Royal British Legion, récolte chaque année plus de 50 millions d’euros avec son coquelicot6.

Le 8 mai 2012, au lendemain de l’élection présidentielle, à l’occasion des cérémonies commémoratives à l’Arc de Triomphe, le nouveau président élu François Hollande porte le Bleuet de France à la boutonnière contrairement à Nicolas Sarkozy.

Pour la première fois depuis 1922, le 11 novembre 2012 ne marque plus solennellement la seule célébration de la fin de la Première Guerre mondiale, mais devient une journée d’hommage à tous les morts pour la France. À cette occasion un groupe d’officiers de l’École de guerre et du cours supérieur d’état-major (CSEM) décide de relancer la collecte en faveur du Bleuet de France, et le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud, a encouragé dans un message à l’ensemble des unités, tous les militaires à porter le Bleuet de France sur leur tenue, y compris durant les heures de service jusqu’au 11 novembre.